En relisant un de mes interviews, du temps où j'étais Internet Artiste, du temps bien avant les NFT et tous ces crypto-monnaies sous le label Art, voici ce que je disais... Bonne lecture.
C'était le jeudi 20 décembre 2012
Interview de Hab le hibou, Net Artiste
- Monsieur Hab le hibou après avoir été un artiste plasticien, puis peintre plasticien vous voilà Net Artiste. Pourquoi ces changements de titres ?
- Simplement parce que c’est mon évolution, je n’y peux rien.
- Oui mais, est-elle nécessaire ?
- Oui, tout a fait.
- Expliquez-moi.
- Et bien, j’estime premièrement, que je suis constamment en évolution. Je ne conçois pas donc mon parcours artistique fixé sur un concept que je reproduirait avec des variations, mais plutôt comme une remise en cause constante.
Deuxièmement, j’ai l’ambition de faire quelques choses de propre à moi. Comme je n’ai pas fais l’Ecole des Beaux-arts, et que je n’ai aucune idée des orientations enseignées, je me suis construit mes propres objectifs. Je poursuis mon propre chemin, fait de tâtonnement et d’empirisme. Tant pis si je le fait d’une manière archaïque ou bouillons. Ce que je sais c’est que ma manière de faire est authentique et originale. Je ne copie pas. À l’Ere du Copier/coller, je reste moi-même, sincère, au risque d’être naïf, inachevé, ou simpliste.
- Oui, mais vous désorienter souvent votre public. Vous ne pensez pas aller trop vite ? Ou que vous êtes, peut être un peu superficiel parfois ?
- Certes, je désoriente souvent, mais, je ne pense pas aller trop vite, pour la simple raison, que je ne suis pas jeune, j’ai commençais la peinture à 50 pas à 20 ans. je n’ai pas de temps à perdre, si je veux aller de l’avant et atteindre mon objectif.
- Donc, dés le départ vous aviez un objectif ?
- Oui, vaguement, Oui ! D’aller d’un point « x » à un point « y ».
Pour la seconde question. Je suis superficiel, oui, mais, c’est presque je pense que comme je n’ai pas le temps d’approfondir, je laisse cela à d’autres. Moi, mon ambition est de jeter des jalons, quitte à revenir plus tard, moi-même, si je suis encore là, sinon tant pis. Il y a aussi que notre époque, nous pousse à aller vite, donc nous sommes superficiels.
- Sur votre Fan Page facebook, vous avez classé vos œuvres par générations, pourquoi un tel classement ?
- En créant ma fun page j’ai eu l’idée de classer cela par génération plutôt que par supports, ou par autre chose, car cela souligne mieux l’évolution de mon parcours. Ensuite classer cela en sept générations, cela fait bien, à mon avis. Ce classement répond parfaitement à la vision de mon cheminement.
- Donc, vous pensez que c’est de cette manière que vous aviez parcourus votre cheminement ?
- Oui, je le pense. C’est bien comme cela que je l’avais fait (mon cheminement artistique). J’ai commençais par peindre sur des supports en terre cuite (Tadjines) ensuite, il y avait eu l’intervention plastique sur des vestiges préhistorique – enfin, c’est moi qui estime ses objets comme tells – Puis, il y a eu, la phase des gros plats en bois : les Ghassâa, suivit de celle des Ghassâa en métal (les fameuses antennes paraboliques), ensuite mes peintures sur les supports en papier et enfin, l’Internet Art et les Buzz Sharing Art (BSA) accompagnées, au début, par des œuvres concrètes, enfin j’en suis aux BSA sans œuvres. Voilà tout mon parcours résumé en sept étapes.
Parlez-moi de votre passage de l’art disant concret à celui d’Internet Art ? Comment vous en en êtes venu là ?
- Comme je vous l’ai déjà dit, j’avais une vague idée de mon évolution. Elle devait aller, selon moi, du point « zero » de la peinture – d’où le départ à l’époque Préhistorique et du personnage Ghourri - , vers l’art par Internet. Je n’avais aucune idée de ce que nous appelons l’Internet Art ou l’Art Internet, mais je savais que j’y arriverais un jour.
Il y a quelques mois, en aout dernier (2012), j’ai commençais à m’intéresser à l’Internet Art, et à me documenter à son sujet. D’abord, j’ai lu des articles sur l’Internet comme « Espace », ensuite à connaître la « Culture Numérique » dans laquelle nous sommes immergées, pour enfin aborder l’Internet Art comme tel, que l’on nomme aussi Net Art, Web Art, etc. etc. Ma transition de l’Art « contemporain » avec comme corolaire l’objet concert vers l’Internet Art avec comme œuvre un flux informationnel, s’est faite d’une manière naturelle et dégradée.
- Votre transition dites-vous est elle une coupure ou une continuité d’avec l’Art Contemporain ?
- C’est là toute la question. Je dirais, plutôt qu’au début, je l’avais voulue comme une continuité, dans le sillage de J. Pollock et de Kapprow, voir de Marcel Duchamp. Mais maintenant, que j’y suis dedans, je la voudrais plutôt comme une rupture. Mais ce n’est pas aussi simple et aussi évidant que cela. Disant, que mon passage était nécessaire, mais il faut creuser la question de la rupture, car Internet Art reste à définir et à développer. Comme, je ne suis pas un pionner d’Internet Art, je m’informe attentivement au sujet de ces questions auprès des artistes qui m’ont précédés et des spécialistes qui analysent cela.
- Pourtant, vous osez vos propres définitions qui déconcertent un peu. Comment expliquez-vous cela ?
- D’abord, mes définitions n’engagent que moi. Ensuite, fidèle à mon propre cheminement, j’ose donner mon propre avis, même s’il est faut, car j’ai besoin de m’éclairer afin d’avancer.
- Et enfin, c’est la Culture Numérique : « Partager & Suivre » (Share & Follow) qui demande cela, donc j’y contribue à ma manière, moi aussi, pourquoi pas.
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- Dans l’un de vos derniers billets, vous définissez l’Internet Art comme l’Art des Flux et vous nous introduisez dans une définition assez farfelue, dans laquelle vous nous parlez d’Utraprésentation, de l’esthétique du paradoxe etc. C’est quoi tous ses concepts tortueux?
- C’est mes concepts. A mon avis ils ne sont pas tortueux, ni farfelues, comme vous dites, mais complexes vois compliqués. A chaque fois j’essai de les définir et les redéfinir.
Pour moi, l’Internet Art est bien l’Art des réseaux, donc des flux qui circulent entre ordinateurs et/ou serveurs autour de la Terre entière. Qu’est-ce qu’une œuvre d’art Internet ? C’est un flux informationnel, qui circule et que le net artiste et les internautes partagent entre eux et suivent (Share & Follow). Cette œuvre reste changeante et constamment en devenir, c’est l’art des flux, qui est un art vivant. Il répond aux questions de la Vie et du Monde exactement comme l’art contemporain, ou l’art classique, mais interroge et explique le Monde autrement que par un objet fixe et invariant. Il l’explique et l’interroge par le concept changeant du Flux. Le net artiste n’est plus un créateur d’objet ou de contextes, comme avant, il est à la fois un organisateur de contextes permettant de créer avec les flux et aussi un être pris dans l’Ubiquité entre le Monde Réel et l’Internet. Le Spectateur/internaute est quant à lui un matériau pour le net artiste. Qui dit Internet dit espace, et qui dit Espace dit Esthétique ; Internet à sa propre esthétique celle du Paradoxe. Car Internet est aussi paradoxale. Le paradoxe d’Internet c’est que c’est un espace qui a la dimension de l’Univers, mais tient dans un écran que l’on peut saisir au creux d’une main. Parvenir à cette Esthétique du Paradoxe a travers l’œuvre d’art qu’est l’Ubiquité de l’Ultraprésentation c’est là le but du Net Artiste.
Nous sommes en train de vivre à l’ère que j’appel Ere Binaire, une Ubiquité permanente, qui nous fait à la fois vivre et confondre le Virtuel et le Réel et qui nous porte de la Représentation et de la Présentation artistique vers ce que je nomme l’Ultraprésentation de cette Ubiquité. L’œuvre d’art de l’Internet Art, fait par le Net Artiste n’est plus une Représentation et/ou une Présentation mais une Ultraprésentation. Car en même temps que l’artiste « créer l’œuvre » sur Internet, il vit aussi une situation d’Ubiquité qui fait de lui à la fois l’objet et le sujet de Internet Art.
- Donc L’Artiste est lui-même une œuvre, c’est cela que vous voulez dire ?
- Oui et non. Le net artiste n’est pas totalement l’œuvre, mais par ses actions sur Internet et son Ubiquité, il suscite une sorte présence/absence qui fait de lui un peu une œuvre d’art paradoxale, justement. C’est difficile d’expliquer.
- Mais c’est de l’implémentation de N. Goodman alors ?
- Non, l’Implémentation, se déroule, pour ce qui est de l’œuvre d’Internet Art, en même temps que l’œuvre elle-même. L’œuvre est fait et elle est montrée sans problème pour ce qui est d’Internet. L’implémentation se fait naturellement et aisément.
Non, je parle ici de l’Ubiquité et du « speech act » que fait le net artiste autour de son œuvre. Cette présente ubiquitaire mêlé au speech act de l’auteur autour de son œuvre comme : tweeter, tenir un blog, communiquer sur facebook, par e-mail etc. tout cela fait que cela devient aussi une seconde œuvre, ou œuvre complémentaire à coté de la vraie œuvre.
- Vos œuvres sembles cependant, comme des « actions » simples vois simplistes, pourquoi ?
- Et bien, être Net Artiste de nos jours, c’est soit être un grand connaisseur de l’informatique, voir un peu programmateur, soit s’associer avec un ingénieur informatique qui réaliserait vos projets/programmes. Moi, comme je ne suis pas programmateur informatique et que je n’ai pas un ingénieur à portée de main, je fais petitement les choses ; à mon échelle comme on dit. C’est pour cela que mes œuvres semblent simplistes.
- Et le concept de Buzz Sharing Art, c’est quoi ?
- Le Buzz Sharing Art ou BSA, c’est Le Buzz ; donc le Bourdonnement sur Internet, mais pas n’importe quel bourdonnement, c’est un bourdonnement autour de l’Art et un bourdonnement lui-même artistique, je veux dire œuvre d’art, qui est « Partager » d’où le terme « Sharing » entre d’une part l’artiste et les Internautes et d’autre part entre les Internautes eux-mêmes, qui font le suivi de tout cela.
Le BSA est un concept artistique qui va toujours dans le sens de la Culture Numérique et puise ses éléments de cette dernière.
Le Buzz Sharing Art équivaut pour moi à l’acte de peindre. Au lieu de peindre comme je le faisais avant ou au lieu d’organiser un happening, une installation etc. je fais un BSA. Pour moi, c’est cela le Net Artiste et c’est cela l’Internet Art !
Fin
Fait à Berrouaghia le 19 décembre 2012
Hab le hibou