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mercredi 26 avril 2023

Qu'est-ce qu'un tableau ? (Suite)

 


Qu'est-ce qu'un tableau ? Un tableau a un rapport avec L ' Espace, avec L'Ouvert. Vous entrez dans une librairie et vous êtes attiré par un livre, soit par sa couverture, soit par son titre où les deux, Il faut du temps pour le découvrir, par contre, dès que vous entrez dans une galerie d'art, par exemple, où même chez quelqu'un qui a un tableau accroché sur son mur, vous êtes tout de suite  saisit par quelques chose. C'est momentanée ! Vous êtes comme happé. C'est quoi ce quelques chose qui vous happe, qui vous saisisse ? ... Et bien c'est  Une Présence. 

Revenant, maintenant, un peu plus en arrière. Un tableau c'est avant tout un objet, Un objet étrange. 
Un tableau a une étrangeté ; l'étrangeté du réel. 
Il est dans l'apparition/disparition, comme une idée. Saisir une idée, saisir l'abstraction d'une idée,  saisir de l'abstrait, voilà ce que la peinture moderne de notre temps, cherche à réaliser. Si la peinture est allée vers l'abstraction de nos jours, c'est pour saisir les idées abstraites.
 La peinture classique tentait plutôt de saisir le présent, le réel de la chose, de la personne, du paysage, d'où la reproduction fidèle, et sa tentative à reproduire le réel.
Mais aujourd'hui on tente de saisir L Idée d'une couleur, d'une forme, à savoir d'une Présence. 
Pourquoi les hommes préhistoriques, par exemple, n'ont pas peint autres choses que des animaux et des mains ? Pourquoi ils n'ont pas peint des plantes, des  végétaux par exemple,? Pourquoi ils n'ont pas représentés des humains ?  Parceque ils pouvaient facilement les saisirent. Une plante est fixe, une personne est saisissable ; elle est là devant eux, ils pouvaient les saisir facilement. Par contre, ils ne pouvaient pas saisir les innombrables animaux qui peuplaient le monde en ce moment là. 
Saisir le monde, le mettre à sa portée, le rendre accessible, le rendre proche, le plus proche, car le réel est insaisissable, étrange, montreux et impensable. Saisir le monde, sur une toile dans le tableau, pour le peintre, on ne peut le faire que par la touche, le touché, le tract dirait Deleuze, du pinceau, c'est-à-dire par le jeu de la main et de l'oeil...
Un tableau est donc un objet ; un objet de saisissement de cette étrangeté, de cette monstruosité, impensablilité.
Un tableau est lui-même un objet étrange. 
Un objet étrange d'étrangeté. Le tableau porte également une image, une image muette, comme présence.  " Un tableau se donne à voir " dit le philosophe Paul Audi. Il se donne comme image qui se dresse devant nous comme présence. Une image comme insistance, dirait quant à lui, Jean Christophe Bailly, une insistance qui se tait.  Cette présence est La Présence.
C'est pour celà que le tableau ne raconte rien et ne figure rien, selon le philosophe Gilles Deleuze. 
 Le tableau se donne à voir pour que La Présence qui se dresse devant nous, nous invite à franchir le seuil qui fait de notre vision brouillée, sans imagination, sans pensée, ... presque animal même, une vision intelligente ;  Un Regard ! C'est-à-dire que lorsque nous nous tenions devant ce cadre de simple toile en lin, en bois où en coton, cet espace-signal comme dirait Gilles Deleuze, comme seuil, qui s'ouvrant devant nous nous invite à le franchir son espace vers l'altérité. "Le seuil est un temps laissé à l'espace de l' apparaitre" ( Apparition/Disparition) disait Jean Christophe Bailly. 
 Ce silence de La Présence qui ne parle pas, parle, où va parler, par notre Regard. C'est là où le regardant devient le regardeur interrogateur. La Rencontre entre le spectateur voyant et La Présence, cette Rencontre l'affecte et lui donne à penser. Il devint, de simple spectateur voyant qu'il était juste à l'instant,  un Régardeur regardant avec Un Regard interrogateur. Un Regard-Pensée. Le tableau fait ainsi de L'Œil un œil non plus simplement voyant, mais l'oeil interrogeant. Il fait de lui un Œil-Pensant qui s'interroge sur le monde, qui pense par lui-même. L'Œil se libère ainsi en accédant à la pensée, à l'imagination, à la contemplation. 
Le tableau librere le regard; 
"Ce qui se libère en nous c'est précisément le regard" (Paul Audi).  Le regardant regarde le tableau, qui à son tour le regarde regarder l'eveille en l'invitant à devenir regardeur interrogateur et franchir le seuil de cet espace pictural, à travers cette Présence, cette étrangeté étrange qui libère son imagination, sa pensée et sa contemplation. 
Toute la difficulté de la peinture c'est de faire tenir la structure de ce que j'appelle le Visible Figural, car ce n'est pas une figure,( un tableau n'a rien a figuer),  
dans le toile pour en faire un tableau. Un tableau où plutôt L'Être Tableau, en tant que tel, selon les conditions, les  statuts telles que le peintre Velasquez, nous les avaient énoncés à travers son fameux tableau Les Ménines . Selon le philosophe Paul Audi Velasquez avait posé cette question : " Peindre oui, mais peindre comment si l'on veut faire un tableau ?  " C'est la question moderne du statut du tableau en tant que Topos (lieu) de crise de la peinture. 




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